Que nous dit la recherche sur les sols? Que représentent-ils ? Quelles fonctions essentielles remplissent-ils? A quelles menaces sont-ils confrontés?
Ces questions sont abordées dans ce webinaire, qui s’est déroulé le 8 septembre 2022 dans le cadre du séminaire « Sols et ressources foncières : pour un usage durable », organisé en partenariat avec la Banque des territoires et le Hub des territoires.
Avec Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle
Discutante : Myriam Cau, urbaniste, coordinatrice Urbanisme de transition pour le Laboratoire d’initiatives foncières et territoriales (LIFTI), auditrice IHEST promotion Émilie du Châtelet (2014- 2015)
« Le sol est un formidable réservoir de vie. Il est le placenta de l’humanité. Il contient à lui seul près de 25% des espèces connues et, en termes de microbes, on sait que l’on connaît moins de 1% de la diversité qui s’y trouve ! On l’oublie souvent – car le sol est opaque et ce qui s’y trouve non visible à l’œil nu – mais près des trois quarts des écosystèmes terrestres se trouvent sous terre. Le sol se caractérise également par une diversité fonctionnelle qui dépasse très largement ce qui se passe en surface et qui explique sa fertilité. C’est par exemple le sol qui fertilise les océans. […] Du sol, on peut donc attendre des services de production bien sûr – de nourriture, d’eau potable, de combustibles –, mais aussi des services de régulation des phénomènes naturels – notamment de l’érosion et du climat –, des services culturels et récréatifs – les bénéfices pour l’humanité liés au patrimoine, aux paysages, etc. – et des services de support […].
Or ce réservoir qu’est le sol, il ne se construit pas en un jour. Si nous perdons un sol fertile, nous ne pourrons pas le reconstituer, et donc nous en priverons nos enfants. C’est pourquoi, la préservation des sols est une urgence pour nos sociétés. Non seulement pour notre autonomie alimentaire – pour rappel, alors que la France a une surface agricole de 29 millions d’hectares, elle dépend de 9 autres millions d’hectares situés à l’étranger pour l’alimentation des Français. Mais aussi pour notre contribution au climat. Nous savons en effet désormais qu’en remettant de la matière organique dans le sol on peut accroître sa capacité de stockage du CO2, sa capacité de stockage de l’eau, sa résistance à l’érosion, etc.
Il nous faut donc réfléchir collectivement à deux fois avant de prendre la décision d’artificialiser un sol productif. Et c’est à mon sens aux citoyens de mettre à l’agenda de leur bulletin de vote la contrainte de la préservation des sols ».